Geoffroy de Lagasnerie

Publicité
Avec

Laure Adler s'entretient avec Geoffroy de Lagasnerie , philosophe

Geoffroy de Lagasnerie
Geoffroy de Lagasnerie
© Radio France - Corinne Amar

Il évoque ses modèles philosophiques : « Mes modèles étaient Sartre, Bourdieu et Foucault, dont j’admirais les personnalités. L’un des enjeux pour moi était d’essayer sinon d’être comme eux, du moins de m’inscrire dans leur filiation. » Et ajoute d’ailleurs : « Quand on aborde la question des grandes figures, on pense en termes d’exceptionnalité. Or, la création n’est pas une question d’individualité créatrice, mais de moment : il y a des milieux, des moments particuliers qui poussent à la création. »

Publicité

Sa réflexion se concentre particulièrement sur l’enseignement et le système scolaire : « Les lieux où j’ai passé l’agrégation sont des lieux de domestication où l’on enseigne les règles de comment être un bon chercheur, et de surtout ne pas bouger les frontières disciplinaires. »

Il explique que chacun a une légitimité pour écrire ou penser, contrairement à ce que fait croire le monde universitaire : « Ecrire suppose une compétence sociale. Il faut se sentir autorisé à avoir des choses à dire, à avoir des choses à écrire. L’université fait croire que votre parole n’a pas de valeur si vous n’avez pas de thèse. Il faut casser la croyance dans les titres scolaires pour donner à chacun la légitimité d’écrire en son nom propre. »

D’ailleurs, selon lui, « les lieux très importants de la philosophie d’avant-garde sont les revues qui ont fait voler en éclat les frontières entre les disciplines et la question des titres. Par exemple, une revue comme * Critique, dont Georges Bataille était le fondateur, n’indique jamais la profession ni le titre de celui qui écrit l’article. C’est ça une revue d’avant-garde qui s’oppose à une revue universitaire. »*

Il récuse le fait d’être un intellectuel engagé : « J’ai beaucoup de réticences sur la catégorie d’engagement car cela suppose deux temps : le temps du savoir et le temps de l’engagement et je ne crois pas du tout à cette frontière. Je préfère le terme de ‘critique’... »

L'équipe